samedi 5 décembre 2009

Lacher prise

Pendant longtemps, et je ne prétends pas m'en être affranchie, je me suis vouée à diverses pratiques et études de développement personnel, afin je le pensais pouvoir dépasser certains blocages, me comprendre et être mieux , voire meilleure.
Toutes ces techniques fleurissent dans nos magazines , livres qui nous entourent, avec toutes les dérives qui y peuvent y être liées comme en management: comment être plus performant, comment être plus productif? Comment être plus ceci, comment être plus cela? Si telle chose ne passe pas avec les autres peut-être que je devrais changer ça en moi, ou alors ça?
Mais déjà pourquoi vouloir être autre que ce que l'on est? Pourquoi vouloir toujours être meilleur? Pourquoi toujours fixer son comportement en fonction des autres? Vouloir être meilleur ou aspirer à autre chose, est-ce que ce n'est pas déjà déconsidérer ce que l'on est et ses propres facultés?
On dit que si on ne peut pas changer les autres, il faut se changer soi, peut-être..., mais faut-il le faire dans le but d'être meilleur ou dans le but d'être en accord avec soi-même? Finalement est-ce vraiment se changer, ou plutôt juste se laisser le droit d'exister en s'affranchissant du jugement?

Alors je m'interroge, est-ce que toutes ces méthodes nous apprennent vraiment à être mieux avec nous-mêmes, ou est-ce qu'encore on nous colle d'autres poids , d'autres attentes que celles que l'on a déjà et que l'on se rajoute, plutôt que d'accepter soi? Comment pouvoir et vouloir être mieux, progresser si déjà on n'apprend pas à s'accepter tel qu'on est?

Bien sur que tout ça va dépendre de chacun et sans renier le bénéfice de certaines de ces approches, et parce que chaque période de la vie correspond sans doute à des stades différents dans son cheminement, je me suis rendue compte que cela pouvait avoir tendance par certains aspects, en tout cas en ce qui me concerne, et dans ma manière de les vivre,  à m'enfoncer dans mes mécanismes.
En effet, si on a déjà beaucoup d'attentes, d'exigences, sur soi-même, venant de notre vécu, de notre personnalité etc,  je ne suis plus persuadée que cela soit une bonne chose de rentrer dans des pratiques où l'on se dit: pour être mieux je dois faire comme ça et pas comme ça, je dois prendre les choses de cette façon et pas de celle-ci, et je dois faire comme ci ou comme ça si je veux progresser, je dois dire les choses comme ça...etc etc...Au final j'ai conscience que ce n'est pas l'envie d'être mieux avec moi-même qui me motive dans ce cas là, mais celui d'être conforme aux attentes des autres, de la société pour éviter le rejet, le conflit, le jugement...etc...
Au final ça ne m'apprend pas à oser être moi ces méthodes, mais à toujours vouloir être mieux, plus adaptable, plus parfaite...sans plus aucune aspérités...à toujours vouloir m'améliorer et à tout  retenir et tout prendre sur moi.
Bref on voudrait diriger nos esprits un peu comme on le ferait avec des ordinateurs qu'on voudrait rendre encore plus performants, plus fiables et avec le moins de bugs possibles.

Hé bien, je pense que je ne suis pas un ordinateur et  je commence à accepter mes "défaillances", mes limites et que cesser de toujours vouloir être meilleure n'est pas un mal tant que je reste consciente des autres , que ce n'est pas une entrave à mon évolution, au contraire que de lâcher prise, que de m'assumer et d'oser exister en s'exprimant avec mes humeurs, mes colères, mes avis divergents, mes travers..., et de m'affranchir de ces exigences supplémentaires, mais au contraire une prise de conscience de mon droit à exister de manière humaine et non comme un ordinateur.

A mon sens, je me demande (vive les paradoxes ;)) même si ce n'est pas tout simplement en arrêtant de se poser des questions sur soi (alors là ouille ouille en ce qui me concerne ! :P) et de suivre son instinct, ses besoins, dans la limite qu'ils n'empiètent en rien sur l'espace vital des autres, de cesser de chercher l'approbation permanente et tout simplement en arrêtant de culpabiliser d'oser exister, qu'on arrive pas le mieux à être soi....
Je pense même que cela aide à être moins dans l'attente et dans l'exigence envers les autres et à les accepter , tels qu'ils sont à notre tour.

Bien sur que si j'écris tout ça c'est que je n'y suis pas encore , mais par contre il me semble que je touche du doigt ce qui me manquait pendant ce temps où je me cherchais , c'est à dire juste oser être et le lâcher prise.

3 commentaires:

  1. Finalement une aspiration à être mieux avec soi-même, non?
    Je suis ton raisonnement et l'adéquation à la société est bien souvent l'ambition des magazines et autres "conseillers"...
    bref, pas grand chose à rajouter :)
    bisous

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  2. et bien, la lecture de ton post m'enchante et je te dirai simplement, pour avoir essayé tant et tant de "changer" : non, reste toi même, tu peux toi même peu à peu te rendre compte de ce qui va ou pas en toi ...il suffit de te regarder honnêtement et d'accepter tes défauts autant que tes qualités, être en phase avec ta conscience...
    mais surtout ne cherche pas à être parfaite, ce serait d'un ennui mortel...
    j'adore te lire aussi mais ne m'en veux pas j'ai si peu de temps en cette fin d'année car très prise par des examens de santé et des spécialistes, souvent loin de chez moi...
    je t'embrasse fort fort

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  3. En fait, le seul véritable problème majeur des techniques de développement personnel est de confondre développement et perfection. Or ni l'un ni l'autre ne sont des objectifs neutres sur le sentiment de soi...

    Le développement, c'est le même mot que l'on retrouve dans "développement économique" et dans "développement durable"... C'est du productivisme, mais au niveau de la personnalité...

    La perfection, et le perfectionnisme, tu sais déjà où ça mène ;)

    Si ces méthodes, donc, étaient neutres, comme la psychologie devrait l'être, elles chercheraient à nous faire accepter ce que nous sommes, notre vécu, nos traumas, notre personnalité, non à nous "perfectionner" et à nous "développer", terme également employé par les body-builders lorsqu'ils parlent de leur masse (j'avais écrit masque, lapsus intéressant) musculaire, ou des poids qu'ils soulèvent... Développer, c'est soulever, c'est "gonfler" artificiellement, c'est aussi effectuer des mouvements non indispensables, qui nous détournent de ce qui est véritablement bon pour nous, car tout dans la société moderne est fait pour nous distraire de l'être, et pour nous entrainer vers la consommation, y compris de méthodes...

    Peut-être que le véritable "développement" personnel peut commencer quand on réalise qu'on n'a pas à se "développer" artificiellement, mais simplement à occuper l'être que nous sommes, et qui, en définitive, est notre "place" légitime, que nous avons le droit d'habiter et de faire exister comme bon nous semble... Le développement personnel n'est qu'une nouvelle tentative de fournir des repères aux individus d'une société qui a rejeté des religions et idéologies dogmatiques pour se perdre dans un nouveau dogme... celui du "toujours plus". Car la quantité est le premier objectif à poursuivre dans le monde moderne, la qualité est considérée comme accessoire. Le développement personnel cherche-t-il vraiment à nous faire améliorer nos qualités, à en faire naitre chez nous, ou à aplanir nos personnalités ? Le monde moderne requiert-il des individus libres ou des individus performants ? ...

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