samedi 12 décembre 2009

Le cri

Elle avait senti la douleur au plus profond de son corps. Sourde, pernicieuse, telle une aiguille perçant lentement la peau, elle s’était infiltrée en elle. L’ignorer aurait été la solution la plus sage et la plus saine, mais plus son esprit avait tenté d’y remédier, plus ses pensées s’y étaient contractées, enfonçant plus douloureusement le poison dans les veines.

Cette douleur avait-elle-même été réelle ou le fruit de sa propre création… ? Elle ne le savait plus… Le temps lui semblait si long depuis…et tout s’était mélangé dans ses perceptions et sa mémoire.

Elle se rappelait juste de cette force qui l’écrasait depuis longtemps,  d’une lourde pression sur les épaules, puis d’un corps qui d’un coup s’effondra….Et son cri…Ce cri qu’elle ne pourra jamais oublier, comme une terrible pulsion remontant du ventre, qui avait résonné en elle pendant de longues secondes et semblant percer les murs des parois qui l’entouraient. Jamais elle n’aurait cru qu’elle aurait pu pousser un tel cri.

Puis tout s’était éteint. Le noir total. Le corps étendu au sol sans plus aucune pression, ni même plus aucun poids. Quelle sensation étrange et paradoxale que cette légèreté soudaine et cette absence de contractions. Elle ne comprenait pas au juste ce qui c’était passé à cet instant précis où tout avait lâché prise en elle. Où son corps avait semble t-il reprit le dessus sur sa tête comme dans un dernier élan vital, pour lui imposer que cela en était trop. Elle sentait juste un soulagement, une sensation nouvelle jamais vécue jusqu’alors.  Et c’était avec une sorte de plaisir esquissé qu’elle commençait à peine  à en saisir la porter et à en apprécier cette jouissance retrouvée.

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